«Tous à poil ! » Une polémique en France sur un livre pour enfants

Tous à poilDébut d’année, Jean-François Copé, président de l’UMP, a dénoncé la politique du gouvernement français en matière d’éducation en s’offusquant du fait que le livre Tous à poil ! était présent dans une liste d’ouvrages « recommandés » aux enseignants par l’Education nationale (« Quand j’ai vu ça, mon sang n’a fait qu’un tour. »). Pour l’UMP, il représente un danger pour les écoliers.

Suite à cette polémique, le Ministère de l’Education a – pour clarifier la situation – déplacé ce livre, dans sa liste, de la rubrique « Outil pédagogique » à une nouvelle rubrique intitulée « Ressource complémentaire ».

Tous à poil !, c’est quoi ?

L’album présente une suite d’illustrations où l’on voit des adultes et des enfants en train de se déshabiller avec, chaque fois, une courte phrase (« A poil le bébé », « A poil la mamie », etc.)

Ce livre, écrit par Marc Daniau et Claire Franek, est sorti il y a déjà 3 ans (!) aux Editions du Rouergue, maison d’édition réputée dans le monde des livres pour enfants. Les auteurs et l’éditeur s’étonnent de la polémique. Comme ils l’expliquent au Figaro, leur objectif était d’aborder la nudité autrement que comme un tabou : « Les enfants sont environnés d’images de corps plus ou moins dévêtus, dans la publicité, sur les abribus, sur les couvertures de journaux people, explique Marc Daniau. Nous avons voulu leur proposer un regard plus juste sur le corps. Et surtout, nous le faisons avec humour. » »¹ […] Il me semble assez grave qu’un responsable de parti politique mette en cause aussi violemment l’éducation nationale, comme s’il y avait un complot pour pervertir les enfants. Et c’est dommage de taper sur la littérature jeunesse, un domaine fragile où il y a beaucoup de créativité, d’énergie, de réflexion. Il pourrait s’attaquer à d’autres. Pourquoi ne remet-il pas en cause les émissions de télé-réalité plutôt qu’un livre jeunesse ?»²

 La littérature jeunesse, c’est quoi ?3

 Pour reprendre les mots de Sylvie Vassallo (directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil) : c’est une littérature à part entière. Elle permet aux enfants, à travers la fiction, d’appréhender les questions qu’ils se posent (qui suis-je, comment je suis fait ? et les autres ?, qu’est-ce que je ressens ? et pourquoi ?, etc.). Elle leur ouvre une multiplicité de portes sur tous les sujets (sans donner de règles morales) à travers des regards d’artistes et va leur permettre d’entrer dans la complexité du monde : de se construire, de devenir soi.

On peut tout dire aux enfants à condition qu’on prenne le soin de les accompagner dans cette découverte. La littérature jeunesse le fait très bien parce que ce sont des histoires maîtrisées.

Et la bibliothèque de Saint-Gilles ?

La bibliothèque de Saint-Gilles défend depuis toujours une littérature jeunesse de qualité et diversifiée, abordant tous les sujets.

C’est pourquoi, elle vous propose une sélection de livres de qualité issus de ses collections, livres qu’ailleurs certaines personnes jugent inappropriés pour les enfants (et auraient voulu ou voudraient voir censurés).

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 

Sources :

1 Francetv info avec AFP (10/02/2014) : http://www.francetvinfo.fr/societe/tous-a-poil-une-polemique-sur-un-livre-pour-enfants-en-quatre-actes_526591.html

2 Le Nouvel Observateur (10/02/2014) : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1144548-je-suis-l-auteur-du-livre-tous-a-poil-cope-n-a-rien-compris-a-notre-ouvrage.html

3 Francetv info : entretien avec Sylvie Vassallo, (16/02/2014) : http://www.francetvinfo.fr/societe/education/polemique-sur-le-genre/polemique-tous-a-poil/la-litterature-jeunesse-peut-elle-parler-de-tout_530117.html

Lutin veille, par Astrid Lindgren et Kitty Crowter

Lutin veilleUne petite ferme au milieu de la forêt, une nuit d’hiver, la neige a recouvert tout le paysage. Il fait très froid. Les habitants sont recroquevillés dans leurs maisons et ne laissent pas le feu s’éteindre.
Mais Lutin s’est levé, car toutes les nuits, il veille, tel un ange gardien, sur la ferme. Une lanterne à la main, Lutin fait le tour de tous les animaux et laisse les traces de ses petits pas dans la neige.
Il commence par les vaches dans l’étable puis rend visite à Brunte le cheval. Les moutons et les agneaux bêlent doucement quand il passe. Il réconforte les poules du poulailler puis termine par Karo, le chien, qui l’attend. Il leur parle – car eux le comprennent – et les rassure : oui, après l’hiver vient le printemps ! Comme le suggère la dernière page…
Il conclut sa visite par la chambre des enfants. Il aimerait tant leur parler, aussi, mais la nuit, ils dorment. Enfin lutin va se recoucher… avec le chat bien sûr !
Astrid Lindgren, grande dame de la littérature jeunesse, s’est inspiré d’un poème de Noël écrit par un auteur suédois. Elle nous parle dans sa langue que petits et grands comprennent, elle nous adresse un message d’espoir. Son texte coule comme un poème en prose accompagné par les paroles de Lutin qui sonnent comme des ritournelles. Tout est douceur et chaleur, tout est réconfort, aussi bien dans le texte que dans les illustrations. Kitty Crowther – faut-il le rappeler est une illustratrice belge qui a obtenu en 2010 le prix Astrid Lindgren pour l’ensemble de son oeuvre – a merveilleusement bien illustré cette histoire. Elle a été attentive à l’ambiance chaleureuse du texte et reste cohérente. En effet, avec ses dessins à l’encre et à l’aquarelle, Kitty Crowther nous suggère la neige et le froid rigoureux puis nous fait pénétrer dans des intérieurs feutrés aux couleurs chaudes. Tout cela – texte et illustrations – donne une histoire pleine d’émotions que l’on suggère à tous les enfants et tous les adultes de lire. Un véritable coup de coeur !

Lutin veille / Astrid Lindgren, ill. Kitty Crowther
Éditions Pastel – L’école des loisirs

Cet article a également été publié dans le Village mondial, n°46, édité par la Mission locale de Saint-Gilles.…

Deux BD d’Alison Bechdel

Et si on parlait littérature ?
La bd ou les héros sont aussi Proust Woolf Joyce et Winnicot et … la mère…

c'est toi ma mamanSa mère a cessé de l’embrasser quand elle a eu 7 ans. C’est une clé dans la quête labyrinthique d’une femme cherchant encore aujourd’hui à capter la reconnaissance de sa mère. Il y en a d’autres, beaucoup d’autres. Alison Bechdel prend sa vie à bras le corps et nous comme lecteur nous revivons une partie de la nôtre.
« Ecrire de la fiction ne m’intéresse pas, explique-t-elle au passage. Je ne peux pas inventer des choses. Ou plutôt je ne peux inventer qu’à partir de choses qui se sont déjà produites. »
Les amateurs de BD la connaissent peut-être, certaines féministes appliquent le test qui porte son nom aux films et séries télé, en tout cas croyez-moi après avoir lu « C’est toi ma maman ? » vous n’oublierez pas son nom : Bechdel, déjà un auteur au plutôt une auteure classique outre Atlantique.

Fun homeIl y a 6 ans avec « Fun home » elle crée un genre : le mémoire en cases dessinées qui visite « La Recherche du temps perdu » et l’œuvre de F. Scott Fitzgerald comme matériau temporel de la vie familiale. La puissance des découpages est telle qu’elle arrive apparemment sans effort à mener en même temps plusieurs récits. Et grâce à cette maîtrise tout nous intéresse : l’histoire autobiographique, les auteurs sur lesquels elle s’appuie, la technique graphique et coloriste -novatrice, subtile ,qui sublime l’ensemble …je lui donne la parole pour résumé le projet des deux livres : « C’est toi ma maman ? » met aussi en lumière la façon dont ma mère m’a appris à être un auteur, là où « Fun Home » était un livre sur la façon dont mon père m’avait appris à être une artiste.
À l’heure des tonitruants harangueurs sur la question du genre lire ces deux livres c’est être du côté de la littérature et des identités dans un plaisir de lecture qui parle autant à notre intelligence qu’à nos souvenirs d’enfance et à nos rapports à nos père et mère. Et pour boucler la boucle elle interroge l’acte d’écrire- avec comme chez Proust et Woolf cette subtilité du frémissement des émotions. Si la question se posait encore de savoir si la Bd est un art majeur (si si y en a qui.. .) le travail d’Alison Bechdel constitue l’une des plus passionnantes des réponses que vous trouverez à la bibliothèque. Pour conclure je pense que cette citation d’Antoine Compagnon à propos de Proust lui va comme un gant :

« Par l’art seulement, nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. »

C’est toi ma maman? : un drame comique, par Alison Bechdel

Fun home : une tragicomédie familiale

Tous les deux édités par Denoël en 2013

 

Cet article a également été publié dans le Village mondial, n°46, édité par la Mission locale de Saint-Gilles.…

Quai des Belges : reportage à la bibliothèque

Le magazine culturel QUAI DES BELGES diffusé sur Arte Belgique le 19 mars 2014 a consacré une émission sur l’apprentissage du français à travers les pratiques culturelles réalisée dans le cadre de « La Langue française en fête ».

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Plusieurs projets y sont présentés et différents acteurs de l’alphabétisation et de la culture y prennent la parole.
Le Collectif Alpha y participait avec l’Atelier lecture en bibliothèque mené par Françoise Deppe, bibliothécaire, France Fontaine, formatrice, et le groupe d’apprenants LE4.
L’expérience fut riche et l’ambiance au rendez-vous !

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Vous la trouverez via ce lien :
http://www.rhizome-tv.be/spip.php?a…

Ecrits de femmes – Femmes auteures

table libraire

Le 8 mars est passé… et alors !!!
Nous avons voulu fait la part belle aux livres de femmes et nous vous proposons une sélection très large d’écrits d’auteures ou autrices de différents styles et de différentes origines.
Une façon de rendre hommage à toutes ces femmes qui vivent ou ont vécu la passion de l’écriture.
Savez-vous que sur 663 prix littéraires décernés depuis le début du 20e siècle, 16 % ont été attribués à des écrivaines, soit 108 femmes lauréates. L’égalité est encore lointaine en littérature comme dans bien d’autres domaines. Notons tout de même qu’en 2013, sur 10 prix, quatre ont été décernés à des femmes (les prix Médicis, Femina, Flore et Interallié), mais les prix les plus vendeurs (Goncourt, Renaudot, Goncourt des lycéens) reviennent toutefois à des hommes. Par ailleurs, les jurys des prix littéraires sont souvent très masculins (hors Femina, composé d’un groupe de femmes). L’Académie française n’a compté que 8 femmes sur 725 membres depuis sa création ; l’Académie Goncourt, 5 femmes membres pour 53 hommes.
Il faut dire que le nombre de femmes auteures éditées a toujours été inférieur à celui des hommes, d’où leur faible part dans les prix décernés. Outre que l’on peut se demander pourquoi (écrivent-elles vraiment moins ou leur production est-elle jugée moins digne d’intérêt ?), c’est de moins en moins vrai aujourd’hui. Le monde littéraire n’est cependant pas exempt de misogynie.
Source : L’observatoire des inégalités en France
http://www.inegalites.fr/spip.php?article281&id_mot=105

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Une idée de lecture pour vos enfants !

safari dans le lavabo

«Safari dans le lavabo » de Guillaume Guéraud, illustré par Hélène Georges
Éditions du Rouergue
Quel enfant en se brossant les dents n’a-t-il pas imaginé une vie extraordinaire dans les tuyaux du lavabo ? Les enfants aiment à se créer leurs propres monstres et les canalisations sont un domaine qui inspire par leur mystère.
Guillaume Guéraud met en scène un petit garçon inventif qui transforme l’ennuyeux brossage des dents en véritable aventure. Il se demande d’où viennent les bruits qui courent dans les canalisations. Il y a, c’est sûr, un anaconda, un alligator et même un boa constricteur. Mais peut-être y a t-il même des antilopes, des rhinocéros et des girafes (pliées en quatre) ? Personne ne sait comment ils sont arrivés… De quoi se nourrissent-ils alors qu’ils sont herbivores ?
Guillaume Guéraud nous invite dans l’imaginaire de ce garçon qui mêle à ce safari des références de films, jeux vidéos ou mangas tels Mario le plombier ou King Kong.
Il s’agit aussi d’une ballade graphique où dès la couverture les tuyaux s’emmêlent et cachent des animaux. Hélène Georges répond au texte et peuple les sous-sols de la ville de créatures étranges. Elles semblent exploser dans l’obscurité des décors. Les associations de couleur sont très réussies. Les enfants s’amuseront à rechercher les détails foisonnant dans ce paysage urbain particulier.
Qui dira que se brosser les dents est un acte banal ?…

« Dans le silence du vent » de Louise Erdrich

Dans le silence du ventUne envie de lecture ??? Voici le livre coup de coeur qui a été présenté lors de notre  dernier club de lecture.

Louise Erdrich est une auteure américaine de mère indienne de la tribu Ojibwa. Elle a été élevée dans une réserve du Dakota où se situe le roman. Elle se bat pour transmettre la culture amérindienne qui est menacée et dénoncer l’injustice qui règne encore dans les réserves. Car ce que Toni Morrison a fait pour les Noirs, Louise Erdrich le fait aujourd’hui pour les Indiens.

C’est à la lecture d’un rapport d’Amnesty International datant de 1999 qui indique qu’une Indienne sur trois est violée au cours de sa vie et que la plupart de ces crimes restent impunis car leurs coupables sont des Blancs et ne peuvent pas de ce fait être jugés sur le territoire indien que Louise Erdrich décide de s’emparer du thème du viol pour en faire le sujet principal de son roman.

Nous sommes en 1988, Joe 13 ans, le narrateur de ce livre jardine avec son père, lorsque sa mère arrive, le visage tuméfiée, blessée à de nombreux endroits. Le père de Joe est le juge tribal de la réserve où ils vivent mais il n’a aucune compétence dès lors que c’est un Blanc qui a commis ce crime. En effet, la loi est très compliquée, le juge tribal a autorité sur le territoire de la réserve si et seulement si le crime est commis par un Indien. S’il s’agit d’un Blanc ses pouvoirs sont nuls et le coupable reste impuni.

Joe décide avec ses amis de mener l’enquête… Comment concilier le désir de justice de Joe et de sa famille et la limitation des pouvoirs qui créent une manière de non-droit ?

On est également bercé par les histoires indiennes racontées par le grand-père de Joe car évidemment la culture indienne est au centre de l’oeuvre de louise Erdrich.

Un livre qui m’a beaucoup appris et sur les institutions qui régissent les réserves indiennes et sur la culture indienne que ce soit en termes de fêtes, de cérémonies religieuses ou de mythes.…

Animations sur le thème de l’alimentation à la bibliothèque

DSCN0740DSCN0744Ces vendredi 17 et lundi 20 janvier 2014, un étudiant bibliothécaire-documentaliste, Raffaele Marchi, a accueilli à la bibliothèque, des élèves de l’Ecole du Parvis pour leur proposer une animation sur les effets de notre alimentation sur l’environnement. L’Ecole du Parvis, ayant choisi l’alimentation comme thème de l’année, a répondu présent à l’invitation faite aux écoles de Saint-Gilles.

La séance du vendredi a commencé avec l’accueil de 24 élèves âgés de 9 à 12 ans. Invités à s’asseoir dans l’espace de la section jeunesse réservé aux animations, les enfants ont, dans un premier temps, écouté les consignes données par Raffaele : Ils doivent, par groupes de deux, observer attentivement toute une série de photographies. Au total, 16 pays sont représentés chacun au travers d’une famille posant avec ce qu’elle consomme en une semaine. On y observe autant la surabondance d’aliments (Etats-Unis,…) que des situations de pénurie (Tchad, Mali,…). Les enfants prennent des notes : les aliments qu’on trouve principalement pour chaque famille, les aliments qu’on retrouve dans plusieurs familles,…

Une fois, l’observation terminée, chacun regagne sa place et Raffaele fait intervenir les enfants pour ensuite leur parler des conséquences de nos choix alimentaires sur notre santé, sur l’environnement. Il leur explique également l’influence que nous pouvons exercer sur les flux commerciaux mondiaux. Les enfants réagissent et participent activement.

Les 16 photographies de format A3, en couleurs et plastifiées peuvent être empruntées au Réseau Idée, réseau sur lequel Raffaele s’est appuyé pour préparer son animation. Ce service d’information et de diffusion en éducation à l’environnement propose notamment plusieurs outils pédagogiques dont des malles portant sur des thèmes comme l’alimentation, l’énergie et le climat, la biodiversité et le jardin, la mobilité durable et bien d’autres encore.…

« Ici regarde… A quoi rêvent les statues ? »

Notre projet « Ici regarde… A quoi rêvent les statues » s’est terminé comme prévu avec le vernissage de l’exposition des travaux des élèves dont de magnifiques photos prises par les enfants. Les invités étaient nombreux au rendez-vous : tous les instituteurs et institutrices de l’Ecole du Parvis, leur directrice Vanessa Hutchinson ainsi que l’Échevin de la Culture Carlo Luyckx. Les parents des enfants étaient également de la partie. L’aboutissement de notre projet était que les enfants  présentent aux invités leur travail et puissent en parler. Pari accompli, les enfants ont été très fiers de guider les différents invités et de leur relater par le menu les différentes étapes de ce projet.

L’exposition est toujours visible à la section jeunesse de notre bibliothèque jusqu’au 18 janvier.…